ABSTRACT

Seulette a part, et estraignant a grant paine les lermes qui ma veue troublent et comme fontaine affluent sur 5 mon visage, tant que avoir puisse espace de escripre ceste lasse complainte, dont la pitié de l’eminent meschief me fait d’ameres goutes effacier l’escripture, je m’esbahiz et en complaignant dis: O! Comment puet-ce estre que cuer humain, tant soit la Fortune estrange, si puist ramener 10 homme a nature de trés devorable et cruele beste? Ou est doncques la raison qui li donne le non de animal raison-nable? Comment est-il en la puissance de Fortune de telement transmuer homme, que convertiz soit en serpent, ennemi de nature humaine? O las! Veez-cy de quoy, nobles 15 princes françois! Et ne vous desplaise, ou est a present le doulz sang naturel d’entre vous, lequel desonques seult estre le droit comble de la benignité du monde? De quoy trés les temps anciens sont raemplies toutes autentiques histoires, et de qui Fama seult corner ses chançons par 20 tout l’universel monde. Que sont devenuz les clers yeulx du noble entendement, qui, par nature et longue coustume, vous faisoient ouvrer par conseil de preudes hommes de juste conscience? Sont-ilz or aveuglez, comme il semble, vos peres de la congregacion francoise, soubz les quelz ayolz 25 seullent estre gardez, deffenduz et nourriz les multitudes des enfans de la terre jadiz beneuree, ore convertie en desolacion, se pitié n’y labeure? Que vous ont meffait ceulz qui comme Dieu vous aourent, et qui en toutes terres pour honneur de vous se renomment? Les quelx semble que 30 a present vueilliez traittier, non pas comme filz, maiz ennemis mortelz, par ce que les discors d’entre vous leur pourchassent, c’est assavoir: grief, guerre, et bataille.