ABSTRACT

Résumé LE LlVRE DE KELLS ET DEUX ÉVANGÉLIAIRES BRETONS

A bien des égards le livre de Kells mérite d’être considéré comme l’apogée de toutes les caractéristiques associées aux évangéliaires du début de l’époque insulaire, mais d’autre part il possède certains traits décoratifs qui semblent être peu communs, sans précédents et même unique. Il faut néanmoins tenir compte du fait qu’il y a des lacunes significatives dans nos connaissances des évangéliaires primitifs et insulaires, et des manuscrits provenus de la Bretagne et d’autres régions qui étaient assurément en contact avec la culture monastique insulaire de l’époque primitive.

Le but de cet article est de considerer deux évangéliaires continentaux produits apres l’époque carolingienne, et probablement dans des milieux Bretons, dans lesquels on a cru voir les vestiges d’une “influence insulaire”. En ce qui se rattache à l’écriture, le style, le format et l’iconographie, ces deux manuscrits sont bien différents de Kells, et cependant ils ont en commun avec Kells certaines caractéristiques exceptionnelles. Dans les Bradfer-Lawrence Gospels (Cambridge, Fitzwilliam Museum MS 49-1980), il y a des images insérées dans le texte de l’Écriture sainte, et le manuscrit BL Royal MS I.A. xviii enluminé d’une façon bien distinctive un verset de l’évangile selon saint Luc [4.1] qu’on trouve enluminé aussi dans Kells. L’importance prêtée à cette enluminure dans Kells semble excessive et même inexplicable si on ne la compare qu’avec d’autres évangéliaires insulaires primitives de l’époque primitive. La question posée dans cet article est la suivante: les traits exceptionnels que les deux manuscrits ont en commun avec Kells, remontent-ils à certaines traditions insulaires primitives dont le livre de Kells est la seule survivance, ou sont-ils ocassionés par le développement tout à fait independent d’une même tradition primitive, celle de la production des évangéliaires?[216]