ABSTRACT

384Le barrage de Lom Pangar est un ouvrage mixte avec une partie centrale en béton, d’une hauteur maximale de 57 m et des digues latérales en remblai zoné, d’une hauteur maximale de 45 m. Les ailes en remblai sont en majorité fondées sur des sols résiduels, issus de l’altération du socle rocheux gneissique.

Le faciès d’altération du gneiss sur le site a la particularité de présenter une coupure franche avec le socle rocheux sain, et se caractérise par la présence de deux types de matériaux meubles:

en profondeur, les « silts », sur une couche de 2 à 20 m d’épaisseur au contact avec le rocher, non remanié et dans lequel on retrouve la structure d’origine de la roche,

en surface, la « latérite », sur une épaisseur de 2 à 40 m.

Ces deux matériaux présentent des caractéristiques similaires en ce qui concerne la plupart des paramètres habituellement utilisés dans l’ingénierie de la conception des remblais (granulométrie, indice de plasticité, perméabilité, résistance au cisaillement, etc), avec une plus grande variabilité pour les silts.

Cependant, à l’ouverture des fouilles, il est apparu que les talus se comportaient de façon très différente vis-à-vis de l’érosion de surface sous l’action des précipitations. Ces observations ont conduit à réviser le projet d’origine vis-à-vis des phénomènes d’érosion interne.

A cet effet, une campagne de reconnaissances complémentaires a été entreprise en cours de construction, sur une durée de 6 mois, pour un coût de 2% du montant des travaux de remblai, avec plus de 3 km de forages, comprenant des carottages, piézomètres, pressiomètres et Standard Penetration Test, ainsi que des essais in-situ et de laboratoire, dont des essais Hole Erosion Test.

Les reconnaissances et études complémentaires ont permis de faire un diagnostic détaillé de la fondation des digues en remblai et de sa capacité à recevoir les ouvrages. Il a été conclu que le projet était viable moyennant des modifications des digues: report du plan d’étanchéité du corps de digue et de la fondation vers l’amont et épaississement du noyau, creusement d’une tranchée parafouille dans les sections de plus grande hauteur, amélioration des caniveaux de collecte des fuites en pied aval. La réalisation d’un écran étanche permettant de réduire les gradients hydrauliques a été envisagée.

Des modèles de calcul en deux et trois dimensions des écoulements dans les ouvrages et la fondation ont également été établis pour une meilleure compréhension des phénomènes et évaluer l’incidence de la réalisation d’un écran étanche sur le risque d’initiation d’érosion interne. Les résultats des modèles montrent la très faible efficacité de l’écran mais l’importance de renforcer le système de filtration en pied aval de digue.

385Le dispositif d’auscultation, composé, pour les digues, de cellules de pression, tassomètres, repères de nivellement et déversoirs de mesure des débits de fuite a été renforcé de manière à mieux orienter la surveillance vis-à-vis de l’aléa géotechnique et valider le choix de ne pas réaliser d’écran étanche sous la recharge amont des digues.

La retenue a connu jusqu’à présent deux remplissages, un partiel pendant les travaux et un complet à la fin des travaux. La surveillance de l’ouvrage et l’analyse de l’auscultation permettent de conclure au comportement satisfaisant des digues et de leur fondation et la non nécessité de réaliser un écran étanche.