ABSTRACT

Le Maroc, dans le cadre de sa politique de développement des ressources en eau, a édifié depuis les années 60 plus de 140 grands barrages totalisant une capacité de stockage d’environ 18 milliards de mètres cubes. Le maintien des performances hydrauliques de ces ouvrages était et demeure un vrai défi pour la gestion des eaux de surface au Maroc, notamment vis-à-vis du phénomène de l’envasement des retenues de barrages qui est la conséquence directe de l’érosion 319hydrique. Cette dernière considérée comme phénomène naturel dépend fortement des conditions climatiques, édaphiques, du relief et du couvert végétal. En effet, pour le cas du Maroc, l’aridité et la variabilité du climat, la dominance du relief montagneux, la dégradation du couvert végétal sous la pression anthropique, ainsi que l’impact du changement climatique amplifient l’érosion hydrique et accélèrent par voie de conséquence le rythme d’envasement des retenues de barrages.

Ce rapport porte sur l’analyse de l’état d’envasement des principales retenues de barrages au Maroc, en se basant sur le suivi des mesures bathymétriques et l’examen des bilans hydrauliques réalisés depuis la mise en eau de ces ouvrages.

Le diagnostic a permis d’estimer le rythme d’envasement moyen, le pourcentage de volume perdu ainsi que la capacité actuelle des retenues. En effet, la capacité de stockage perdue varie d’une année à l’autre selon l’hydraulicité (apports aux barrages). En moyenne, elle varie entre 70 et 80 Mm3/an. La capacité totale envasée représente environ 10 % de la capacité totale de stockage. Il a été aussi constaté que pour la plupart des barrages qui dépassent environ 30 ans d’âge, les tranches mortes sont déjà comblées, ou le seront dans un avenir assez proche.

L’analyse a montré également que l’évacuation des dépôts solides est toujours contrainte par des facteurs de gestion des barrages et la capacité et la portée des ouvrages de vidange de fonds des barrages. Le rapport a également abordé la sensibilité des retenues au transport solide, et estimé la dégradation spécifique moyenne ainsi que son évolution dans le temps.

Avec le risque que portent ces constats sur la performance hydraulique des barrages, la garantie des fournitures d’eau, la sécurité des ouvrages de restitution ainsi que la qualité des eaux, il est impératif de renforcer les traitements curatifs qui se pratiquent déjà au Maroc portant essentiellement sur les chasses d’eau par les vidanges de fond pour évacuer la vase durant les moments de déversement des barrages ou le curage par la technique de dragage pour les barrages assurant la fonction de compensation et difficiles à remplacer. La surélévation des barrages qui s’y prêtent et ayant connu des taux importants d’envasement doit constituer une alternative à envisager pour améliorer la performance hydraulique des barrages et faire prolonger leur durée de vie.

Pour une meilleure prévention et une atténuation durable du phénomène d’envasement des barrages, les actions d’aménagement et de traitement des bassins versants en amont de ces barrages (le boisement, traitement mécanique, seuils au lit des oueds…) sont vivement recommandées.