ABSTRACT

L’objet de la présente communication est l’étude des méthodes pouvant être utilisées, sur le terrain, pour la collecte et l’analyse des documents juridiques coutumiers encore saisissables par l’enquête directe. Certes, l’importance de la coutume ne cesse de décroître au bénéfice des droits modernes, codifiés ou non. Mais deux remarques permettent d’illustrer l’intérêt théorique et pratique de la coutume:

l’irruption des droits nouveaux conçus à l’échelon central (Parlement, Ministère de la Justice), enfermant la coutume dans des sphères bien délimitées—en théorie—est une raison impérieuse de recueillir avant leur disparition les documents existant encore; il convient aussi, à plus forte raison, de recueillir les anciennes coutumes, aujourd’hui périmées, dont le souvenir est encore vivant; et

non seulement la coutume persiste en de nombreux domaines, mais on peut déjà noter qu’il se crée une coutume nouvelle, distincte du droit écrit théorique, et qui aménage ce droit en fonction des conditions sociales, des impératifs économiques, des traditions. Il existe une marge considérable entre le droit élaboré au niveau des pouvoirs législatif et exécutif, et l’insertion de ce droit dans la réalité concrète des sociétés villageoises; pour aménager ce droit et l’adapter au réel, une nouvelle coutume est en voie de création. Il est encore trop tôt pour apprécier correctement l’ampleur de celle-ci; mais c’est là un problème qu’il conviendra de suivre avec attention à l’avenir.