ABSTRACT

Le Sahel nigérien est un domaine géographique dont la vocation pastorale est attestée par l’existence de vastes pâturages résultant de conditions naturelles spécifiques. En effet, sa situation en latitude lui confère un climat sec dont l’aridité s’accentue à mesure que l’on avance vers le nord. Ainsi la faiblesse générale des précipitations et leur irrégularité interannuelle contribuent à la formation d’une végétation steppique essentiellement composée de graminées au cycle de croissance strictement lié à la saison de pluies. Cette couverture herbacée est dominée par des peuplements plus ou moins denses d’arbres épineux dont les plus répandus sont les acacias. On comprend, dès lors, toute l’importance que revêt l’économie pastorale dans cette zone sableuse qui se drape chaque année d’un tapis de verdure fugace. Mais le Sahel nigérien comporte une bande méridionale où la pluviosité plus abondante et mieux répartie dans le temps, autorise une économie agricole fondée sur l’exploitation des cultures vivrières et des denrées d’exportation telles que l’arachide et le coton. Zone de transition climatique entre le Sahara et le Soudan, le Sahel nigérien apparaît comme un domaine de convergence humaine (Dresch, 1959). En effet, il est caractérisé par la coexistence de peuples pasteurs et de communautés paysannes que des circonstances historiques et des mobiles économiques ont tour à tour opposés pour le contrôle de l’espace géographique et rapprochés pour des échanges fructueux. Aussi, cette immense étendue sableuse est-elle devenue le théâtre d’une colonisation simultanée par les éleveurs nomades et par les cultivateurs pionniers qui sont à la recherche de terres neuves depuis près d’un demi-siècle.