ABSTRACT

3 Je crois comme Monsieur le Marechal, ma chere Madame, qu’il faut que Je fasse un tour dans votre bonne ville de Paris ou que j’y envoye la Marquise. il est vray-semblable que je prendray le dernier de ces partis. les finances sont, comme vous le scavez, dans son departement. Je n’aime guerre à m’en meler, et il faut que Je ne sois pas fort en etat de plus perdre, quand Je presente donne a mes amis la peine de voir s’il y a moyen de m’empecher d’essuyer cette injustice. faites mes tres humbles complimens, Je vous en supplie, a Monsieur le Marechal, auquel Je n’ecris pas pour ne luy pas donner une peine inutile. quand il aura parlé aux Paris Je comte qu’il voudra bien me faire scavoir ce que ces gens disent. Je connois trop la bonté de votre cœur pour douter un moment de votre inquietude des que le moindre petit interet d’un de vos amis est en danger. celuy des rentes ne laisse pas d’etre un objet pour moy qui ay perdu depuis la mort de la Reine plus de 1200 M: francs que je n’avois pas assurement gagné dans le Missisipi, 4 et qui suis encore en danger de perdre 80 M: livres de rente qui sont substituées en belles et bonnes terres sur ma tete. si pourtant il faut perdre ou le tout ou une partie de ses Rentes, Je me consoleray par la pensée que j’ay eu l’honneur de contribuer au retablissement des affaires d’un pais, ou j’ay abordé apres le naufrage de ma fortune, par luy ceder une partie de ce que j’avois sauvé de ce naufrage. Je laisse la plume a la Marquise qui m’a dit hier au soir qu’elle vouloit vous ecrire, et je vous embrasse ma chere Madame avec une tendresse que Je ne saurois vous exprimer.