ABSTRACT

Alors, dans mon esprit, je vis autour de moi Mes amis, non confus, mais tels que je les voi Quand ils viennent le soir, troupe grave et fidèle, Vous avec vos pinceaux dont la pointe étincelle, Vous, laissant échapper vos vers au vol ardent, E t nous tous écoutant en cercle, ou regardant. Ils étaient bien là tous, je voyais leurs visages, Tous, même les absents qui font de longs voyages, Puis tous ceux qui sont morts vinrent après ceux-ci, Avec l'air qu'ils avaient quand ils vivaient aussi. Quand j'eus, quelques instants, des yeux de ma pensée, Contemplé leur famille à mon foyer pressée, Je vis trembler leurs traits confus, et par degrés Pâlir en s'effaçant leurs fronts décolorés, E t tous, comme un ruisseau qui dans un lac s'écoule, Se perdre autour de moi dans une immense foule.