ABSTRACT

La circulation des écrits théoriques concernant la musique à ia Renaissance n'a pas encore fait l'objet d'une étude. Pourtant, les travaux ne manquent pas sur les relations musicales entre la France et l'Italie, sur l'activité des chantres des Pays-Bas du Sud en Italie ou en Espagne, sur la présence de musiciens „immigrés“ dans certaines cours du Saint-Empire. Paradoxalement, la théorie musicale semble exclue de ces mouvements qui traversent toute l'Europe. Cette exclusion n'est évidemment pas totale. Il existe bien quelques études sur la diffusion des écrits théoriques, mais ces études concernent en général les textes „canoniques“ de la théorie de la Renaissance, conime les traités de Gaffurius, de Glareanus ou encore de Zarlino. Cet état de fait est fondamentalement lié à la perspective nationaliste qui entache généralement les histoires de la théorie. 1 Si la perspective nationaliste se justifie parfois, elle ne peut pas pour autant guider tous les débats critiques. Deux autres paramètres ont joué un rôle relativement important, du mains suffisant pour légitimer le point de vue nationaliste. Le premier – et il n'est pas des moindres –, considère comme primordial l'impact causé par la redécouverte des textes de l'Antiquité. Le second provient de l'absence d'études systématiques qui envisageraient l'histoire commerciale des écrits théoriques concernant la musique ou encore la pratique et la connaissance des langues modernes.