ABSTRACT

Pour réserver la question du phénicien, le berbère comprend un très petit nombre de mots d’origine grecque ou latine par emprunt soit direct, soit indirect. Les uns sont berbérisés tels anƷlus ‘l’enfant’ (de grec ȁγγyϵλos ou de latin angelus), abərnus ‘le burnous’ (de latin burrhus), tifirəst “le poirier’ (de latin pirus), afiθal ‘la chambre d’hôte’ (de latin hospitale), asnus ‘l’ânon’ (de latin asinus ‘âne’), etc. Les autres, tels les noms de mois du calendrier julien, ont le plus souvent une structure non berbère. 1 Les quelques exemples précédents donnent déjà une idée des catégories de notions représentées par ces emprunts. Beaucoup de ces mots, sinon tous, n’ont qu’une vie régionale plus ou moins limitée dont la répartition n’est pas sans intérêt. Ce n’est certainement pas par hasard qu’anƷlus, par exemple, est essentiellement un terme de parlers tunisiens et que c’est en Tunisie également que se retrouve laçtu, de latin lectum ‘lit’. Mais l’une des répartitions les plus intéressantes est celle d’asnus ‘ânon’ qui se rencontre dans toute la portion occidentale de la Berbérie où il est de tous les parlers et s’arrête à l’est à hauteur de Cherchell, l’antique Caesarea. En somme, il n’apparaît pas dans les régions qui ont été le plus latinisées et s’est propagé à l’ouest bien au delà des limites du monde romain. Les déviations de sens sont usuelles et si asnus est passé de l’adulte au jeune, iġər, sans doute de latin ager, est passé chez les Chaouia Ait Frah du champ à la récolte non seulement sur pied mais aussi coupée et déjà transportée sur l’aire à battre.