ABSTRACT

Cher ami,

Devinez un peu d’où je vous écris. C’est ça ! Vous avez raison. Je vous écris attablé dans un café. Vous allez croire que je ne fais que ça. C’est que le métier de touriste exige beaucoup de repos. Et où est-ce qu’on se repose mieux que dans un café?

Vous rappelez-vous notre conversation au sujet de mes voyages? Eh bien, j’ai commencé mon grand cercle en partant de Paris pour la Normandie. J’ai visité le Mont-Saint-Michel et me voilà à Perros-Guirec en Bretagne. En l’honneur de ma première visite en Bretagne, je prends un calvados.

Je veux vous décrire ma visite au Mont-Saint-Michel, pendant qu’elle est encore fraîche à ma mémoire.

Pendant que le train traversait les champs et les forêts, je regardais par la fenêtre. Il filait à toute vitesse et je voyais les paysans qui travaillaient dans les champs, et parfois, en passant par les villages, j’apercevais des femmes qui lavaient le linge au bord d’une rivière. 1

A Pontorson, j’ai pris un taxi pour le Mont. Presque tout de suite j’ai vu ce rocher monumental isolé au milieu des sables.

Mais quand je suis arrivé au pittoresque village situé aux flancs du rocher, j’ai entendu un bruit terrifiant.

On criait, on hurlait: — Monsieur! Par ici! Souvenirs du Mont! Cartes postales! Monsieur! La véritable omelette de la Mère Poularde! Monsieur! Ici la vraie! Monsieur! Ici l’omelette Poularde! Cartes! Souvenirs! L’omelette! Ici! Ici! Monsieur! Monsieur! Monsieur!

La tête me tournait comme une toupie. J’avais envie de partir. Mais enfin je me suis dit: — En avant l’art et l’histoire. Courage! — J’ai fermé les oreilles mentalement et j’ai vite grimpé la pente raide jusqu’à l’escalier de l’Abbaye.

La visite de l’Abbaye a duré une heure environ. Ce bâtiment gothique avec ses grandes salles, ses escaliers, ses galeries, ses cloîtres, ses jardins en terrasses est un spectacle grandiose. Je voulais rester pour contempler les sculptures mais ce n’était pas possible.

Vous savez que le visiteur d’un monument historique n’a aucun 2 droit. On est poussé par-ci, on est tiré par-là et on doit suivre comme un mouton. Malgré tout, cet îlot rocheux m’a fait une forte impression.

Maintenant je me tourne vers la Bretagne: la mer, les marins, les poissons, les chapelles et le calvados dont les marins bretons sont fervents. Perros-Guirec me plaît beaucoup. Je finirai peut-être par aimer le calvados.

Très cordialement,

Votre ami

Jean Davis