ABSTRACT

"L'EMPIRE de soi dans la tendresse, telle est la condition de l'autorité sur l'enfance. Que l'enfant ne découvre en nous aucune passion, aucune faiblesse dont il puisse user, qu'il se sente incapable de nous tromper ou de nous troubler, et il nous sentira supérieur à lui par nature, et notre douceur aura pour lui une valeur toute particuliere, car elle lui inspirera du respect. L'enfant qui peut nous communiquer colère, impatience, agitation se sent plus fort que nous, et l'enfant ne respecte que la force. Sa mère doit se considérer comme le soleil de son enfant, astre immuable et toujours rayonnant, où la petite créature mobile, prompte aux larmes et aux eclats de rire, légère, inconstante, passionnée, orageuse, vient se recharger de chaleur, d'électricité et de lumiere, se calmer, se fortifier. La mère représente le bien, la providence, la loi, c'est à dire la Divinité sous sa forme accessible à l'enfance. Qu'elle soit passionnée et elle enseigne un Dieu, capricieux, despotique, ou même plusieurs dieux en discorde. La religion de l'enfant dépend de la manière d'être, et non de la manière de parler, de sa mère et de son père. L'idéal intérieur et inconscient qui guide leur vie est précisément ce qui atteint l'enfant; leurs paroles, leurs remontrances, leurs punitions, leurs éclats même ne sont pour lui qu'une comédie et qu'un tonnerre; leur culte, voilà ce qu'il pressent et ressent par l'instinct.