ABSTRACT

Je commence par la fin. Le tableau de l’écroulement de l’autorité carolingienne peint par Réginon de Prüm est connu. L’arrivée des roitelets sur la scène politique lève le rideau sur le monde des principautés. Réginon, qui écrivait au commencement du Xe siècle, est le héraut d’un nouveau monde, un monde où l’autorité carolingienne est brisée. Mais les racines de Réginon remontent au IXe siècle, à l’époque du monopole carolingien sur la couronne. Le témoignage de Réginon nous renseigne donc sur le passé, mais aussi sur l’avenir. Rappelons-nous de la forme exacte de ce texte si célèbre (je cite la traduction de Laurent Theis) :

« Les royaumes qui ont obéi à la domination de Charles le Gros, privés d’héritier légitime, se désagrègent et… ils n’attendent pas leur seigneur naturel, et chacun d’eux se dispose de choisir un roi tiré de ses entrailles. Il en résulta des grandes guerres, non point qu’il manquât de princes francs dignes, par leur noblesse, leur courage et leur sagesse de commander à ces royaumes. Mais comme ils étaient égaux les uns aux autres par la race, les dignités et la puissance, la discorde en était augmentée, aucun ne l’emportant assez sur les autres pour qu’ils voulussent se soumettre à sa domination » 2 .