ABSTRACT

Dominicains et Franciscains avaient établi très tôt des couvents à Nicosie. Ils sont en effet attestés vers 1226 dans la capitale du royaume latin de Chypre.1 A cette époque, les premiers couvents des Prêcheurs étaient fondés dans le sud de la France, à la suite de celui de Toulouse, le premier de l’ordre (1215).2 De même, les frères mineurs commençaient leur extension partie d’Assise en 1209, et les premiers couvents étaient fondés autour des années 1220 hors d’Italie.3 La date précise de l’installation à Famagouste de ces deux ordres n’est pas connue, mais elle est consécutive à la perte progressive des dernières places fortes latines de Terre sainte.4 La position du port, face aux côtes syriennes, explique le remarquable développement de la ville (Figure 7.1) dans la dernière décennie du XIIIe siècle: au fur et à mesure de l’avancée des Mamelouks et de la chute des derniers vestiges du royaume de Jérusalem, on assiste à un afflux de population, réfugiés et marchands. Ce sont surtout ces derniers qui vont faire de Famagouste une grande place commerciale durant un siècle et assurer la richesse de la ville, devenue la nouvelle Acre. Famagouste connut alors un essor économique considérable, la plaçant parmi les principales places de commerce des Latins en Orient,

1 N. Coureas, The Latin Church in Cyprus, 1195-1312 (Aldershot, 1997): 205-15. 2 M.-H. Vicaire, ‘Le développement de la province dominicaine de Provence

(1215-1295)’, Les Mendiants en pays d’Oc au XIIIe siècle, Cahiers de Fanjeaux, 8 (1973): 35-77.