ABSTRACT

Avant d'en commencer 1'analyse, une remarque preliminaire est necessaire : la Vie d'Etienne le Jeune a etc con?ue pour etre prononcee devant un auditoire et ecoutee. A 1'epoque byzantine, son usage est oral, comme le montrent les manuscrits ou les reperes de lecture a haute voix, notamment les kathismata, sont nombreux1. La phrase grammaticale, telle que nous 1'entendons, centree sur une principale dont le verbe est a un mode personnel, phrase qui est pour nous I'element qui structure un texte, n'est pas une categoric pertinente pour une lecture qui, meme quand elle est solitaire, est orale2. Ce qui compte — et la ponctuation des manuscrits en rend compte —, c'est 1'accumulation de membres de phrases apposes, correspondant chacun a ce que Ton peut dire sans reprendre souffle et qui construisent par strates successives un sens approximatif, ou plus exactement changeant comme une mosaique change avec la lumiere. La ponctuation des editions imprimees, qui convient bien & notre usage de la lecture mentale, prive ces textes de leur environnement sensible, et induit probablement un contre-sens sur 1'ensemble en lui dormant une nettete qui lui est etrangere. Non qu'il faille transformer notre usage, mais il faut garder en tete que le texte imprime a ete ecrit pour etre dit et fut utilise ensuite dans une lecture a haute voix. L'oralite du texte a aussi pour consequence de donner a 1'auteur une grande liberte, car il peut laisser passer des contradictions internes que 1'auditeur, emporte par le flot de paroles, peut difficilement reperer.