ABSTRACT

Cet essai discute de I engagement féministe en droit dans le contexte de la question de 1'avortement. Les discussions féministes sur Vavortement s'inscrivent typiquement dans le cadre du discours du libéralisme. Nivedita Menon maintient que cette démarche suscite des contradictions sur le plan politique et une incohérence sur le plan philosophique. L'auteure appuie son affirmation en donnant comme exemple le débat qui a lieu en Inde à propos de i avortement sélectif des foetus après des tests de détermination du sexe. Le mouvement féministe en Inde a fait campagne assidûment pour faire adopter une loi restreignant cette pratique. A première vue, la stratégie féministe semble compatible avec les idées conventionnelles sur le rôle du droit en matière de protection des droits. Cependant, cette stratégie force le mouvement féministe à adopter des pratiques politiques très contradictoires. En premier lieu, il est clair qu'en raison des impératifs auxquels est soumis l'Etat indien, particulièrement dans le domaine de la reproduction, il y a peu de possibilités, sinon aucune, de faire adopter une législation vraiment féministe susceptible d'avoir un pouvoir transformateur. Deuxièmement, sur un plan plus pragmatique, il importe de réfléchir aux implications des revendications féministes en faveur de l'adoption de restrictions légales en matière d'avortement. U incohérence philosophique du discours du libéralisme pose aussi des difficultés théoriques et pratiques aux féministes. En partie à cause de cette incohérence, le mouvement féministe en Inde se trouve dans la position où il utilise la rhétorique pro-choix afin d'accroître l'accès à l'avortement, mais réclame aussi qu on interdise aux femmes de se faire avorter. Menon ne soutient pas que la position féministe sur i avortement sélectif de foetus est injustifiable, mais elle estime que le mouvement féministe doit fondamentalement repenser le rôle et la conceptualisation des droits.