ABSTRACT

La tendance des historiens depuis un siècle environ à étudier avec de plus en plus d’attention l’histoire économique et sociale, à accorder de plus en plus d’importance aux faits économiques et sociaux dans la dynamique historique globale a fini, avec bien du retard, à se faire sentir dans le domaine de l’histoire du monde musulman. Certes, l’intérêt pour ces problèmes, dans ce domaine même, est ancien et, pour reprendre les mots de Claude Cahen, «Sylvestre de Sacy, Von Kremer, Van Berchem, Becker, Barthold, Mez, d’autres parmi les morts et divers parmi les vivants ont apporté à nos études en ce domaine des contributions dont moins que personne je contesterai l’importance». 1 Mais, depuis peu, depuis justement l’article-manifeste de Claude Cahen en 1955, 2 la tendance s’est accentuée vers des études plus nombreuses et plus spécifiques, vers une spécialisation plus poussée dans ces études et la présente conférence en est une marque non équivoque. On peut en espérer un développement encore plus grand des travaux particuliers. On peut s’attendre aussi à ce que les islamisants reconnaissent de façon plus généralisée l’importance de l’économique et du social pour la compréhension des problèmes historiques et structurels posés par la société musulmane à travers les âges. Ils finiront ainsi par rejoindre le point de vue auquel sont arrivés depuis déjà assez longtemps les historiens de l’Occident. L’évolution dans ce sens est des plus encourageante.