ABSTRACT

Auteur d’un Traité de logique, adressé au souverain sassanide Chosroès Anushirvan (531-578/9), Paul le Perse a été présenté par Fritz Zimmermann comme l’un de ces chrétiens de l’est qui ont donné forme à un Organon tronqué, couvrant les disciplines allant de l’Isagogè de Porphyre aux figures syllogistiques catégoriques des Premiers Analytiques.1 Selon l’auteur, l’ouvrage de Paul illustrerait la forme qu’aurait prise, dans les écoles nestoriennes, notamment dans l’École de Nisible, le compendium logique issu de la tradition alexandrine, ainsi réduit chez les auteurs chrétiens à un syllabus élémentaire limité aux quatre premiers traités de l’Organon traditionnel, que nous appellerons ‘canonique’ par commodité. Cette présentation appelle une double réponse, l’une qui concerne l’œuvre de Paul le Perse, l’autre qui se rapporte à la connaissance du corpus logique chez les auteurs de langue syriaque. Sur ce dernier point, on a fait justice de l’idée que les érudits de langue syriaque des VIe-VIIIe siècles n’auraient lu, ou connu, qu’une partie de l’Organon canonique, plus précisément que l’étude de l’Organon ne serait pas allée chez ces auteurs au-delà de la syllogistique assertorique (c’està-dire des Premiers Analytiques, I, 7). Récemment, John Watt, en particulier, a critiqué cette thèse issue de la présentation qu’avait donnée al-Fārābī, dans un texte devenu fameux chez les érudits modernes, d’une histoire de la migration de l’École aristotélicienne d’Alexandrie à Bagdad, et il a clairement montré que les connaissances des érudits syriaques en matière de logique ne se réduisaient nullement aux premiers traités de l’Organon.2 Sans revenir ici sur ce point, nous

1 Cf. Al-Fārābī’s Commentary and Short Treatise on Aristotle’s De Interpretatione, translated with an introduction by F.W. Zimmermann (Classical and Medieval Logic Texts, vol. 3, London, 1981), p. cIV, n. 1.