ABSTRACT

La Renaissance donne droit de cité au rire dans la littérature, 1 I'inscrivant plus largement dans des perspectives philosophiques, voire encyclopédiques. Des savants réputés s'intéressent à cette particularité désignée comme un privilège humain par les écrivains et les poètes. 2 Le souci de connaissance théorique de l'homme et de ses passions entraîne un intérêt particulier pour l'anatomie du rire autant que pour son éloquence. Médecine et rhétorique représentent alors les deux voies royales de la connaissance anthropologique. 3 La première, "par sa tendance encyclopédique, par son souci d'une connaissance totale de l'homme, corps et âme", se donne comme "la forme la plus achevée de la sagesse et la science la plus sûre du salut". 4 Quant à la rhétorique, elle est, selon Marc Fumaroli, "la nervure centrale d'une culture à la fois encyclopédique et religieuse qui définit l'homme comme sujet parlant". 5 Dans ce cadre, le rire est conçu comme un langage du corps qui pose un double problème de traduction: celui de sa transcription verbale (le codage vocalique des ha ha ho ho), celui de sa signification (joie, surprise, perception du ridicule). Nombre d'auteurs préoccupés de cerner les "mouvements de l'âame" s'attachent à décrypter le rire, ce qui revient à interroger son énigmatique interaction avec le corps. 6