ABSTRACT

L’étude de dangers du système d’endiguement « Rive Gauche » du delta du Rhône, s’inscrit dans le cadre de la nouvelle réglementation « digues » de 2015 et du programme de travaux porté par le SYMADREM (400 millions euros sur 20 ans) suite à la crue centennale du Rhône de 2003, qui inondé 12 000 personnes et causé 700 millions d’euros de dommages. Elle a porté sur l’ensemble des ouvrages constituant le système (74 km de digues, 90 ouvrages manœuvrables en crue (vannes, batardeaux, écluses). La zone protégée par ce système couvre une superficie de 320 km2, où vivent 55 000 personnes.

336La méthodologie mise en œuvre s’est inspirée du modèle Source/Pathway/Receptor utilisé dans l’International Levee Handbook et des recommandations de l’USBR en matière de bonnes pratiques.

Quatre scénarios d’inondation, en provenance du système d’endiguement, ont été abordés. Trois concernent les risques incrémentaux (brèche avant surverse; brèche après surverse; défaillance des ouvrages hydrauliques traversants) et un traite du risque lié à l’inondation équivalente à celle qui serait causée en l’absence de digue: la surverse sans brèche.

Pour la caractérisation des risques, un modèle probabiliste a été mis en œuvre. Ce choix a été motivé par la facilité d’identification du caractère probabiliste de l’aléa crue (données depuis 1830). Il a été renforcé par la grande hétérogénéité, des faciès géotechniques rencontrés, à la fois au cœur des remblais, due aux différentes étapes de construction des digues (effet mille-feuilles) mais également dans leur fondation, due aux multiples changements de tracés du Rhône dans son histoire. Cette hétérogénéité rend illusoire le caractère déterministe d’un facteur de sécurité. L’analyse de risques a suivi les étapes suivantes:

Détermination et caractérisation des modes de ruptures

Détermination des barrières de sécurité (composants) permettant d’agir sur ces modes de rupture;

Détermination, à partir de l’étude accidentologique, de 13 scénarios de brèche, impliquant un ou plusieurs modes de rupture, construction d’arbres d’événements et détermination, par scénario, de lois de probabilité;

Détermination, par profil espacé de 125 m, pour un panel de 9 crues, de la probabilité conditionnelle de brèche par scénario pour une crue donnée;

Détermination de seuils de probabilité pour la détermination des niveaux de protection et de sûreté des digues. Un seuil maximal de 1 % a été retenu pour les ouvrages neufs. Ce seuil a été porté à 10 % pour les ouvrages anciens, compte tenu de la faiblesse des niveaux obtenus (<1 m) avec un seuil de 1 %, du retour d’expérience accidentologique et de la capacité d’intervention du SYMADREM pour des faibles charges d’eau (< 2 m);

Modélisation 2D de scénarios d’inondation au-delà du niveau de protection de la digue et détermination des niveaux de protection de la zone protégée.

L’article conclut sur la phase indispensable d’appropriation, (en cours) par les autorités compétentes en matière de gestion de crise, des résultats de l’étude. Elle met en exergue la difficulté d’évacuer massivement les populations de manière préventive pour des occurrences fréquentes de crues (10 à 20 ans) et justifie a posteriori le programme de travaux, qui vise à garantir une protection minimale de 100 ans de la zone protégée, la résistance des ouvrages jusqu’à une crue de 800 ans et amener la probabilité annuelle de brèche en dessous du seuil d’acceptabilité fixé à 10−4 par le SYMADREM.