ABSTRACT

L'immigration est (re)devenue une question urbaine non seulement du fait de la concentration des immigrants dans les grands centres metropolitains mais aussi et

strat6gique dans I'insertion des nouveaux arrivants. L'ecole, Ie travail et I'habitat representent les poles principaux de ceUe experience et font l'objet de travaux de recherches importants. On s'est par contre moins penche sur les espaces publics comme espaces ou peut se jouer la construction de I'inter-ethnicite. Ce sont en effet par definition des lieux ouverts a tous, ou I'on choisit de passer ou de sejourner alors que l'habitat et Ie travail nous imposent, a des degres divers un certain voisinage. On peut donc y voir se deployer librement Ie jeu des echanges et des exclusions, des indifferences et des interactions entre groupes et individus socialement et ethniquement differencies. Pour Jean Remy, ce type d'espace renvoie au paradoxe de I'inconsequence : les lieux publics peuvent ~tre d'autant plus importants dans la construction de I'inter-ethnicite que les rapports entre les usagers "sont sans consequence sur les grands enjeux de la vie sociale" (Remy, 1990). lIs peuvent donc fonctionner comme des espaces privillSgies de socialisation a la difference. Mais ils peuvent aussi ~tre l'eiljeu de conflits d'appropriation comme Ie pensent Toubon et Messamah : " ... c'est au niveau des espaces d'interconnexion que sont les rues, les places, les commerces que les tentatives d'appropriation sont les plus fortes, en fonction des acquis culturels et de la volonte de signifier une identite, d'autant plus menacee que la distance sociale it la societe d'accueil est plus grande" (Toubon et Messemah, 1990 : 28).