ABSTRACT

universitaire, on se défend mal d’une grande sympathie avec Jacques Peletier du Mans. Moins et meilleur: y a-t-il conseil plus salutaire à se proposer, ou à recommander à nos étudiants, que cette devise qui fut la sienne? Il était d’ailleurs des nôtres: principal, à différents moments de sa carrière, de trois collèges, il a enseigné aussi à l’université de Poitiers et vraisemblablement ailleurs. Il avait au plus haut point ce culte ardent et désintéressé du savoir que nous professons tous, et son oeuvre entière est marquée au sceau d’un didactisme de bon aloi:

Enseigner la jeunesse est un bien grand mérite, Vu que par là science, un si grand bien, s’hérite 1

Tenons-le-nous pour dit, encore qu’on eût pu le dire moins platement. Tel, d’ailleurs, n’avait pas toujours été le sentiment de Peletier. Parlant de ses débuts au collège de Bayeux, ‘je me proposais, dit-il, l’opinion commune que ce n’est le moyen de garder sa dignité que d’enseigner’; 2 il s’en dédommagea, dit son biographe le plus récent, ‘par les publications qu’il fit’. 3 Le pauvre Peletier n’eut pas de chance au collège de Guyenne non plus: après avoir soutenu de vains combats contre l’insuffisance des crédits et l’hostilité de collègues difficiles — praeceptores con- 252 tumaces ac refractarios domi habui 1 — il ne tarda pas à se voir remercier. Quelques années plus tard, dans sa leçon inaugurale à Poitiers, il expliqua les déboires subis à Bordeaux dans des termes que nous comprenons sans peine: vel propter juventutis illius gubernandae molestiam, vel ob negotiosam oeconomiam … Ea re, continue-t-il, quum primum potui, me ab ea sollicitudine redemi, ut ad mea studia me referrem. 1 Que l’éminent collègue à qui ces pages sont dédiées et qui, lui, s’est si brillamment acquitté de ses fonctions de professeur, veuille bien faire abstraction de tout ce qui, dans ce rapprochement, est sans application dans son cas, pour n’y voir que le désir de lui souhaiter de longues et fructueuses années d’études personnelles: sua studia.