ABSTRACT

L'expression “art omeyyade” est généralement utilisée pour recouvrir les monuments fort nombreux datés ou datables entre 680 et 750 de notre ère et localisés en Syrie, au Liban, en Palestine et en Transjordanie. C'est la région que la tradition arabe et islamique a appelé le bilad al-Sha'm, la moitié occidentale du Croissant Fertile. Il s'agissait en fait d'un état d’être culturel traditionnel plutôt que d'une terre aux frontières précises et claires. Pour des raisons sur lesquelles je reviendrai en conclusion, les monuments de la même période qui proviennent d'Iraq ou d’Égypte ne sont généralement pas inclus parmi les oeuvres d'art omeyyade. Tout comme les monuments syriens, cependant, ceux d'Iraq, d’Égypte, ou le petit nombre datable au premier siècle de l'hégire qui proviennent d'Iran, de la Mésopotamie du Nord ou du Maghrib font tous partie de ce que l'on a appellé l'art islamique. Cette distinction entre un art omeyyade qui aurait été limité aux monuments de Syrie et un art islamique plus inclusif est-elle justifiée, ou bien est-elle simplement le résultat d'une de ces nombreuses confusions taxonomiques dont l'histoire des arts et des cultures est pleine, confusions rarement créées par les monuments eux-mêmes mais plutôt par les idéologies et préjugés de ceux qui étudient la culture ou les arts, et, encore plus, de ceux qui interprètent la science et les connaissances archéologiques ou autres pour les besoins des sociétés qui les entourent?