ABSTRACT

Le Congo, vaste territoire où sont établies plusieurs centaines de tribus, qui, sans difficultés trop grandes, peuvent être classées en groupes linguistiques, en aires culturelles ou en complexes historiques et groupées en peuples ou ethnies– offre, de toute évidence, une large variété et diversité de cultures qui toutes se distinguent par leur originalité propre. Il n’est pas inutile de passer rapidement en revue quelques phénomènes qui illustrent cette complexité. Les peuples congolais vivent dans des biotopes divers allant des forêts tropicales aux forêts claires, des savanes arbustives ou arborescentes aux steppes herbacées; des régions fort arides aux pays humides et marécageux; des régions de basse altitude aux hauts plateaux herbeux ou couverts de forêts. Ces différences biotopiques se reflètent par certaines caractéristiques de l’économie ou de l’habitat ou de la technologie et influencent l’idéologie du travail, les modes d’usage de la terre ainsi que la façon dont les diverses tribus conçoivent, subdivisent et établissent la carte de leur pays. On rencontre parmi ces tribus congolaises, certaines qui vivent uniquement de la chasse et de la cueillette (e.a. Pygmées); d’autres qui sont essentiellement agriculteurs ou qui le sont devenus à une époque plus ou moins récente (ex. Kongo); nombreux sont parmi ces agriculteurs les groupes qui continuent à attacher une importance très grande à la chasse et à l’idéologie qui l’entoure (ex. Lega; certains groupes Mongo; Lele); d’autres encore qui s’adonnent en ordre principal à la pêche (ex. certains groupes installés le long du fleuve Congo et certains de ses affluents). Il y en a chez qui l’économie reste largement concentrée sur la subsistance, et d’autres chez qui les cultures pérennes ou commerciales se sont répandues avec quelque intensité. Ces divers types économiques exercent sans aucun doute une grande influence sur les modes d’usage et 84d’exploitation de la terre, sur le caractère et la permanence des droits sur les parcelles et les jachères, mais semblent généralement être très peu liés aux modes de propriété et de possession de la terre ou aux subdivisions fondamentales de celle-ci.