ABSTRACT

2 Le sieur Prudent est arrivé Madame en parfaite santé, mais inconsolable de la perte de son chapeau. heureusement nous avons trouvé un turban que le fils de l’ambassadeur Turc laissa aux trois Empereurs a son passage par Orleans. 3 Je n’ay pas manqué de l’achetter et d’en faire present à mon ami, qui en est charmé. vous ne sauriez vous imaginer combien cette couverture de tete ottomane donne du relief a la gravité de notre respectable magistrat. nous nous flattons que l’aventure d’Etampes 4 ne sera pas plus long temps prise au tragique, puisque la parte de son chapeau luy à procuré l’avantage de porter le turban. son compagnon de voyage 5 à fort reussi parmi nous. en effet c’est un fort joli garcon, qu[’]il ecrit beaucoup de choses bonnes a scavoir quoy qu’il scache beaucoup de poesie. il est allé hier 20chez Monsieur l’eveque de Blois. 6 Je luy ay preté ma Berline, 7 et d’argental est allé l’accompagner jusqu’à St Dié. vous ne me parlez pas de votre santé, mais le Prudent m’assure que votre levre n’est pas guéri, malgré les remedes violens que vous avez faits. ce mal est trop opiniatre, et dure trop longtemps. en verité vous devriez consulter tout ce qu’il y à de plus habil à Paris, et traitter cette affaire un peu plus serieusement. la marquise, qui vous fait mille tendres complimens, pense comme moy, et nous vous prions de ne pas negliger une santé qui nous est infiniment precieuse. trouvez bon que nous vous chargions de nos complimens pour Monsieur le Marechal[.] adieu ma chere Madame, vous scavez combien Je vous suis tendrement devoué. J’embrasse mon aimable Gazetier. Lucie 8 vous assure de ses respects.