ABSTRACT

2 vous pensez, ma chere soeur, comme j’ay toujours pensé sur les devoirs qui sont purement de ceremonie et de bien seance. a l’egard de ses connoissances, il faut les remplir avec une exactitude extreme. 3 c’est la Loy que la Coutume impose, et la coutume à un droit absolu sur l’exterieur. mais a l’egard de nos amis, c’est la Nature c’est la Raison qui nous prescrivent nos devoirs. il ne s’agit plus de l’exterieur, il s’agit du coeur, et je me defierois des sentimens de celuy qui mettroit dans l’amitié une grande attention au ceremonial, comme je me defierois de la capacité de celuy qui dans les grandes affaires seroit occupé des minuties du detail. Je vous remercie de la part que vous prennez à tout ce qui me regarde. ma santé est meilleure depuis que j’ay eté aux eaux, mais Je ne laisse pas d’avoir essayé des mouvemens de fievre qui m’avertissent qu’il faut etre sur mes gardes. quand on à un fort grand fonds de santé un peu de dissipation ne tire pas à consequence, mais quand ce fonds est petit il faut user d’œconomie. il est vray que la suspension d’esprit m’est insupportable. il est temps de la finir, et de facon ou d’autre il faut qu’elle finisse.