ABSTRACT

La civilisation berbère est une civilisation orale. Il existe néanmoins quelques manuscrits d’ouvrages destinés à peu près uniquement à la propagation de l’Islam en milieu non-arabophone. Ces manuscrits sont tous en caractères arabes. Ils sont formellement fort intéressants à étudier: ils témoignent en effet d’une adaptation de l’alphabet à une langue dont les sons ne sont pas toujours identiques à ceux de l’arabe, ainsi, en particulier, pour le ẓ. Ils sont d’autre part fort instructifs par leur notation des voyelles, l’adaptation des graphics voyelle longue/voyelle brève au système voyellepleine/voyelle-zéro, la façon de rendre le degré zéro relatif tantôt par fatha, tantôt par soukkoun, ce dernier cas, plus précis, donnant à un arabisant, par la multiplication et la position de ces soukkouns, une allureétrange à un texte berbère en caractères arabes voyellés. En outre, le jeu des formes initiales, médianes et finales de certaines lettres permet de se rendre compte souvent de la façon dont sont senties les coupes, la chose étant particulièrement précieuse pour les affixes du verbe placés avant verbe.