ABSTRACT

C'est l'un des apports décisifs des travaux récents que d'avoir progressivement considéré les confessions et les identités religieuses en conflit dans le royaume à partir des années 1520/1530 non comme des données immuables, des positions définitives et en quelque sorte inexpugnables, mais comme le produit historique de conflits intellectuels et politiques, de controverses et de clarifications successives, de compromis fragiles et de contre-attaques vigoureuses. En restituant ainsi le travail de construction confessionnelle des premières générations de chrétiens engagés dans l'affrontement des Réformes, les historiens ont aussi retrouvé la trace de ceux qui ne surent ou ne purent se reconnaître dans les orthodoxies rivales qui s'affirmaient et qui cherchèrent, d'une façon ou d'une autre, à lutter contre le cours inexorable de l'embrigadement des fidèles. Mario Turchetti ou Thierry Wanegffelen ont ainsi retracé les parcours atypiques de ceux qui ne choisirent ni Rome ni Genève, ou l'une puis l'autre, ou encore caressèrent l'espoir d'une via média ménageant les susceptibilités des uns et les appréhensions des autres.1