ABSTRACT

La Chronique de Jean Malalas a connu un succès grandissant ces dernières décennies: considérée pendant longtemps comme le prototype d’une prétendue historiographie monastique, et donc a priori peu fiable, elle avait été méprisée par des générations de chercheurs. La langue très éloignée des modèles classiques, les références fantaisistes, l’anonymat substantiel de l’auteur, le modèle de composition qui échappe aux règles établies, autant d’éléments qui ont contribué à faire mépriser l’ouvrage. Les chercheurs étaient même parvenus à fabriquer une catégorie spéciale où confiner les chroniques universelles, dont Malalas était l’initiateur, celle de ‘Mönchschronik’: ces chroniques étaient le produit des gens incultes et substantiellement dépourvus de tout sens critique, et leur contenu ne pouvait servir, les cas échéant, qu’à fournir des renseignements historiques; elles ne pouvaient donc être prises en considération que pour des détails qui portaient sur l’histoire contemporaine de l’auteur, mais demeuraient en général peu fiables, étant le fruit de la superstition et du fanatisme. Sauf pour le respect qu’on portait aux chroniques plus récentes, comme celle de Théophane, ces compositions historiques étaient dans leur globalité mal comprises et non étudiées dans leur complexité.