ABSTRACT

Ferdinand de Saussure, qui est mort en février 1913, est l'un des exemples les plus typiques d'une maturité scientifique remarquablement précoce. Il venait tout juste d'atteindre 21 ans au moment où parut son œuvre maîtresse, le Mémoire sur le système primitif des voyelles dans les langues indo-européennes (décembre 1878). Get ouvrage n'en fut pas moins reconnu promptement comme un des plus importants dans le domaine de la linguistique et depuis, il a conservé son rang comme bien peu d'œuvres datant de cette époque. Mais après ce coup d'éclat surprenant de la part d'un si jeune auteur, Saussure n'a plus fourni de travaux de grande étendue; outre une étude sur l'accentuation lituanienne il a surtout publié des articles dans des recueils de mélanges offerts à des collègues (par exemple dans celui qui fut dédié en 1912 à Thomsen), mais rien qui puisse se comparer en importance à son grand ouvrage de jeunesse. Par contre, il a exercé une influence précieuse pour la science par l'enseignement remarquable, d'après tout ce qu'on en peut juger, qu'il a successivement donné à Paris, puis à Genève, sa ville natale. Sa fine et spirituelle personnalité a fait, après sa mort, l'objet de témoignages éloquents et sympathiques dus à trois savants éminents, A. Meillet (dans l'Annuaire de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, 1913—14), Ch. Bally (Ferdinand de Saussure et l'état actuel des études linguistiques, Genève, Atar, 1913) et W. Streitberg (dans l'Indogerm. Jahrbuch, II, p, 203 ss.).