ABSTRACT

Sans me vanter d’une connaisance particulière dans le domaine de l’architecture gothique angevine, je voudrais néanmoins faire une communication qui tente de la situer dans le contexte plus large de l’architecture gothique des XIIe et XIIIe siècles, et dans le contexte historiographique des études concernant cette architecture au XXe siècle. L’évolution de qualités structurales et esthétiques telles que celles de voûtes aux arêtes minces et de grands espaces définis par des colonnes sveltes, style désigné ‘gothique’ par des commentateurs tardifs, a attiré l’attention et l’admiration parce que ce style est arrivé tôt en Anjou. En même temps, cependant, on estime généralement que ce développement n’a mené nulle part, sauf à créer encore plus d’exemples similaires dans la même région. L’ouvrage de Branner (Braziller 1960) sur l’architecture gothique est un bon exemple de cette opinion.

Dans cette communication je voudrais essayer de dépasser cette interprétation moderniste en examinant le gothique angevin à partir de questions comme: quels étaient les rapports entre les styles romans et gothiques de l’architecture angevine? Ces termes-là sont-ils vraiment adaptés dans ce contexte? A quel point le style gothique angevin est-il statique par rapport aux autres versions régionales? S’il est statique, pourquoi? Cela devrait-il nous obliger à moins l’apprécier? La réalisation du gothique angevin est-elle comparable à celle des autres groupes régionaux hors de l’Ile-de-France tels que la Normandie, la Bourgogne, l’Auvergne et même l’Angleterre? Peut-on déterminer les objectifs architecturaux des bâtisseurs angevins afin de constater à quel degré ils ont répondu à leurs critères? En jugeant le style selon ses propres principes avant de le juger selon ceux des autres on pourrait peut-être mieux apprécier, du point de vue historique et esthétique, des chefs d’œuvre comme — parmi d’autres — le chœur de Saint-Serge à Angers, ou la cathédrale de Poitiers.